dimanche 13 mars 2011

" - Qui es-tu ?

- Moi ? Putain, si tu savais. Attends, attends. Je rigole, juste une fois, c'est promis. Et je prends ma respiration. Attention, attention. Haha. Moi, je suis l'homme le plus banal que tu croiseras dans ta vie. Ce qui fait sûrement toute mon originalité. J'ai une vie banale absolument palpitante. Je suis beau mais je ne le sais pas. Cette phrase prouvant que le fait de ne pas le savoir me permet d'en avoir conscience, en somme. Pourtant j'ai rien demandé moi. C'est très con, hein ? Oui, c'est moi. Je suis une sorte de mec, en fait. De la race des arrogants aux voies impénétrables. Le genre beau-parleur grossier mais charmeur. Mal rasé sourire placardé sur la gueule, sans savoir pourquoi. Qui déblatère une quantité impensable de conneries. Qui s'amuse. Beaucoup. Qui passe sa vie à s'amuser, en fait. Regarde, je m'amuse avec toi. Merde. Je prends mon pied. Je suis l'homme qui connaît les femmes. Qui les connaît beaucoup trop bien. Trop, tu remarqueras. Trop n'est pas très. Et trop est surtout chiant si tu veux tout savoir. Parce que du coup je m'amuse moins. Et moi je ne veux que m'amuser. Il existe un adage qui dit "toutes les mêmes". J'aime bien les mecs qui le crient à tort et à travers. Tas d'inconscients. Mais moi j'adore les inconscients. Je m'amuse, avec eux. Oui je sais, je ne suis qu'un môme à toujours m'amuser. Putain mais ouais, à quoi bon grandir si c'est pour devenir vieux et con. Puisque j'ai le choix je préfère rester jeune et con. Comme la chanson. Très conne elle aussi. Mais je m'égare, excuse moi. Pour une jolie paire d'yeux, ou de fesses d'ailleurs, je peux très bien passer de Sinatra à America. Parler avec de jolis mots sortis d'on ne sait où, qui résonnent comme des caresses à tes oreilles et enchantent tous tes sens. Ou bien ne pas parler, mais plutôt vociférer quelques inepties arrogantes et pitoyables. C'est facile. La vie est facile à mes yeux. Je me lasse très vite de tout ce que je capte. Ma vie est donc en perpétuel renouveau. J'aime par intermittence, mais je ne sais ni aimer ni ce qu'est l'amour. Je passe mon temps à rire et sourire, mais je ne sais pas ce qu'est le bonheur. Tout en ignorant absolument tout des rudiments du malheur. Je suis une contradiction saisissante, une sorte de cauchemar irréel, envieux et enviable. Une expérience dont on ne sort pas indemne. Dans la rue, je cours, je marche. Je chante "You Know I'm No Good", sonnant tel un avertissement, mais personne n'y prête attention. Alors ce sourire en coin, me gagne, et les larmes chaudes glissent sur mes putains de joues. J'ai jamais compris ce phénomène, et je déteste le regard des gens apitoyé. Non, pardon, je l'adore. Encore une fois, tu vois, je les capte. C'est tellement simple. Merde. Je suis jeune. Inconnu. Et surtout libre. L'insaisissable intrigue, tu ne le savais pas ? Lorsqu'on m'attrape, je disparais aussitôt. Mais je parle, je parle, et ma salive s'évanouit comme les aiguilles tournent. J'imagine que désormais tu veux partir, ce qui en soit n'est pas un réel problème, me privant seulement de ces lèvres fines appelant au baiser, de ces longues jambes interminables qui ne me donne qu'une envie, les caresser, et surtout, de cette putain de magnifique poitrine qui m'aura fait rêver toute la soirée. Et ce qui est aussi tout à fait compréhensible maintenant que je t'ai obnubilé pendant ces, sûrement, longues minutes à tes yeux. Ah oui, je ne t'ai pas dit, je suis aussi particulièrement pervers. En fait, je suis ce que tout le monde déteste mais désire. Au final, je suis une descente aux enfers, brûlante comme un tison ardent, tu vois. Allez, brûle toi.
- A mon tour de rire. Je devrais dire quelques chose du genre, "Pour faire simple, tu es un vrai connard en fait". Tu répondrais sûrement, dans toute ton arrogance, "C'est bien moi" et là se finirait l'histoire. Je repartirais chez moi, tu continuerais ta vie minable et dépravée, et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ta gueule, c'est moi qui parle. Car non, malheur de malheur, Ô déception, enfer et damnation, tu es tombé sur plus intelligent que toi. Une femme de surcroît. Quelle honte n'est-ce pas ? Haha. Je ris moi aussi, mais pas jaune. Noir. Est-ce que tu t'es déjà posé la question, la fameuse question, ne serait-ce qu'une seule fois ? Pourquoi ? Pourquoi fais-tu tout ça ? Pourquoi, hein ? Que caches-tu derrière ce masque de bonheur utopique et d'arrogance insatiable ? A quoi bon répandre le mal grâce à ce sourire, certes irrésistible ? Ta gueule. A quoi bon jouer un jeu auquel tu sais pertinemment être le seul participant ? Tu t'es formé un jeu propre, un univers fermé. Et ce pourquoi ? Parce que tu as peur. Hahaha, oui, toi tu as peur. Et tu as beau te le cacher, tu le sais parfaitement. Peur de perdre cette liberté comme tu dis, peur de ne pas plaire, peur d'être toi même, peur de marcher la tête haute, peur d'entrer dans le monde réel, peur de ne plus être un parfait inconnu, peur de ne plus oublier le prénom de la pouffiasse que tu viens de draguer au profit de son tour de poitrine, peur de trouver un point d'ancrage, peur de te livrer, de te dévoiler, peur de tellement d'autres choses. Mais surtout. Tu as peur d'aimer. Tais toi, putain. Tu sais que j'ai raison. Et moi je sais que tu échafaudes déjà dans ta petite tête tordue mais infiniment intelligente, ça il faut bien te le reconnaître, quelques répliques cinglantes et un échappatoire qui te permettra une fois de plus de te sortir de ce merdier, de cette situation désespérée. Tu passes ton temps à regarder, analyser, comprendre, déchiffrer. C'est ce qui te rend peut-être un peu moins con que la moyenne. Mais ce n'est pas ce qui t'élèves au-dessus du lot. Tu n'es qu'un aveugle. Tout au mieux borgne. Car à force de gymnastique intellectuelle, tu en perds l'essentiel : la simplicité. Pourquoi tout faire compliqué. Ah oui, pour impressionner, excuse-moi. Et bien, tu ne dis plus rien ? Ce doit être la première fois que ça t'arrive, hein ? Mais vas-y bordel, attaque moi, soit dur, comme toujours. Prononce ces mots, tes mots, qui te permettent d'éloigner quiconque approcherait de trop près ton petit jardin secret. D'éloigner en faisant mal. Tu les connais ces mots qui te donnent le pouvoir d'être détesté et adulé, alors vas-y, qu'est ce que tu attends ? Frappe, fais moi mal, remet moi à ma place. Tu sais que tes putains de racines sont en train de me gagner, toi l'homme froid, stoïque, irrésistible, alors vas-y dépêche toi avant qu'il ne soit trop tard. Allez, donne tout ce que t'as, sois exécrable, empêche moi de t'aimer, mais surtout, ne me sors pas une phrase du genre "Va, je ne te hais point". Nul besoin de prouver que tu es un minable petit poète, je crois que tout ce que tu récolterais serait une claque monumentale. On récolte ce que l'on sème, n'est-ce pas, puisque tu aimes bien les adages de bas-étages. Regarde, moi aussi je peux entremêler les lettres dans des rimes fantasques, et te captiver comme tu aimes tant le faire mais comme tu détestes tant l'être. Et merde, maintenant avec tes conneries j'ai tellement peur de ne plus jamais pouvoir partir et oublier tes yeux. Finalement, tu as encore gagné. Tu es l'éternel vainqueur de ta vie. Et c'est ce qui la dénude totalement de sens.

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